Ecouter la terre, installation
Peut on écouter la terre, quels sons pourrait faire la terre ? Alliage complexe d’être vivants, de nutriments, de minéraux en constante interaction, nous marchons sur un univers complet qu’il paraît important aujourd’hui de donner à entendre pour appréhender le monde qui nous entoure autrement.
Peut-on écouter le sol, quels sons le sol pourrait-il émettre ? La première fois que j'ai rencontré Matthias Rillig à Berlin, je lui ai posé cette question stupide. Il a été surpris et m'a dit : "C'est drôle que vous ayez l'air intéressée, d'habitude quand je dis aux gens que je travaille sur le sol, ils disent : "Oh, beurk, le sol c'est sale, et ça veut dire la mort". Je venais de terminer le projet Dendromité, et comme je savais bien sûr que le sol est vivant, j'ai eu l'idée qu'il devait être bruyant... Le sol est sous nos pieds, hors de notre perception, c'est un environnement naturel qui échappe à nos sens, donc généralement nous le connaissons très mal... Mais c'est un alliage complexe d'êtres vivants, de nutriments et de minéraux en interaction constante. Nous marchons sur un univers complet auquel il semble important aujourd'hui de donner la parole, afin d'appréhender le monde sur lequel nous n'avons pas conscience. J'ai travaillé avec la bioacousticienne Fanny Rybak, de Neuropsi, université Paris-Sud. Elle étudie les relations entre les animaux à travers les sons. Nous avons défini un protocole, en utilisant un accéléromètre, un capteur utilisé dans les industries pour mesurer les vibrations des machines. Les sons de l'activité de la mégafaune et de la mésofaune sont enregistrés dans différents types de sols, sur différents sites : du plus "sain", par exemple un compost, au plus "chimique", par exemple un champ cultivé en agriculture conventionnelle.
L’installation comprend des formes en grès noir évoquant les formes de champignons, se dressant sur une surface de terre. Les propriétés d'enceinte inerte de ce matériau permettent une bonne diffusion des séquences sonores. L'installation est comme un paysage microscopique agrandi, devant une vue microscopique ressemblant à une météorite : une impression qui montre une vue au microscope confocal d'un échantillon en boîte de Pétri de la rencontre entre les micro-organismes d'une main et ceux de l'écorce d'un arbre (une coalescence de communautés).