RRR
Monica Gagliano, écophysiologiste à Sidney, est inventrice du domaine de recherche de la Phytoacoustique. Son expérience consistait à faire entendre des sons d'eau à des racines dans des tubes, pour voir si elles y étaient sensibles en poussant dans leur direction.
RRR tente un nouveau dialogue avec les systèmes racinaires de différentes plantes. Un récipient de croissance tripartite, basé sur les conteneurs transparents utilisés en laboratoire pour observer la croissance des racines - les rhizotrons - a été conçu pour laisser le système évoluer pendant quelques mois. Via trois tubes remplis de gel hydrophile, trois types de musique différents sont diffusés dans la chambre de croissance, pour voir s'ils peuvent attirer ou repousser les racines.
Il s'agit d'une offre humaine faite aux plantes, pour peut-être les faire danser dans leur propre échelle de temps ?
Le spectateur perçoit ce "mouvement" par la direction de leur croissance. C'est une pièce vivante en constante évolution, où le public est assis, écoute la musique offerte aux plantes, en même temps que les plantes. Nous pouvons voir si les différents systèmes racinaires sont affectés par la musique dans leur forme : l'un des échantillons est une "musique pour les plantes" typique que l'on peut trouver sur internet, censée favoriser la croissance des plantes ; l'autre est une chanson traditionnelle taïwanaise adressée aux plantes ; le dernier est du groupe Pest Modern, Insect, un morceau de punk-rock.
Ici, après avoir laissé le système évoluer pendant 4 mois, nous avons pu constater que la chanson taïwanaise était la plus réussie, et que la chanson punk rock semblait provoquer un mouvement d'évitement. J'espérais secrètement que la chanson bruyante serait la plus attractive...
Le deuxième rhizotron, réalisé en résidence à Cornell, était rempli de terre et diffusait des sons naturels de basse fréquence. Les racines sont-elles attirées ou repoussées par les sons d'une chenille qui mange une feuille ? Le chant d'un hibou ? Les sons ont été fournis par le laboratoire d'ornithologie. Selon Stéfano Mancuso, les sons naturels de basse fréquence sont les plus perçus par les plantes : la sélection de 5 sons naturels comprenait ce type de fréquences.
Il s'agit d'une installation comme une invitation humaine au mouvement souterrain des plantes. Le spectateur perçoit ce "mouvement" à travers le sens de la croissance des racines, le public est assis, écoutant la musique jouée aux plantes, en même temps que les plantes la perçoivent ; nous pouvons voir par nous-mêmes si la forme des différents systèmes de racines est affectée par les mélodies. RRR est une tentative de collaboration non scientifique, une invitation pour les plantes à danser, à leur propre rythme et avec leur propre façon de bouger.