Vertimus, bouger avec
Vertimus : Nous devenons, nous tournons. En quoi ? En qui ? Trop tôt pour le dire et trop tôt pour demander. Le pluriel à la première personne du verbe latin (changer, devenir, tourner, téchanger, traduire, altérer, renverser) est, pour moi, la base, comme une platine pour jouer les disques vinyles d’antan.
Michael Marder, thèse sur «devenir-plante»
Comment les plantes évoluent-elles dans leur environnement ? On dit qu’elles poussent. Il faudrait plutôt dire qu’elles se développent, faisant grandir en longueur leurs tiges, leurs branches ; les faisant grossir aussi ; et même se courber pour modifier une direction de croissance. Dans le laboratoire, on m’a montré comment les plantes perçoivent leur environnement ; qu’il soit climatique (température, lumière, eau), mécanique (l’action du vent, du toucher, de la gravité), etc. Elles perçoivent même leur propre forme ! Comment ? Comment ces plantes font-elles pour percevoir ces stimuli extérieurs ? Comment y répondent-elles et modulent-elles leur développement pour ajuster leur développement, pour s’acclimater en cas de changement ? Par exemple, pour la gravité terrestre que chacun d’entre nous subit quotidiennement. Quels sont les capteurs, où sont-ils, que perçoivent-ils, la force de gravité ou simplement un angle d’inclinaison ? Tout un florilège de questions mêlant biologie et physique. Connaissent-elles les limites de leur corps et peuvent-elles les ajuster si un changement physiologique est nécessaire ? Peuvent-elles différencier un évènement ponctuel d’une sollicitation permanente ? Ont-elles une mémoire de ce qu’elles ont vécu, s’habituent-elles, si oui, comment, aux contraintes que leur impose leur environnement de croissance fluctuant ?
Avec le soutien de la Fondation Carasso et de l’Antre peaux.